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Lucifer – Lucifer III

Dans les multiples religions existantes, on peut trouver une figure démoniaque hantant les enfers : Satan. A travers les âges, plusieurs dénominations de cet être se sont vues être justes. Méphistophélès, le Diable ou bien encore Lucifer.

A la fin des années 60, le rock n’roll explose en plein de petits sous-genres qui vont voir les durées de chansons grandir, les instruments évoluer et les thèmes vont devenir de plus en plus imagés. Dans tout ce chamboulement, un groupe va devenir un pionnier de l’Occult Rock : Coven.
Des riffs démoniaques et des thématiques qui se rapprochent du satanisme, des sacrifices, du sang et de toutes ces joyeusetés, il n’en fallait pas plus pour que des fidèles au culte se créent. Autre singularité de cette formation, le fait qu’elle soit menée par Jinx Dawson. Une femme charismatique et possédée qui va ouvrir la voie à de nombreuses femmes qui emprunteront les gimmicks de la « sorcière de Chicago ».

Bien aidé par le terreau qu’est Black Sabbath, le rock occulte va traverser les époques jusqu’à connaître un renouveau depuis le début du siècle actuel. Des noms tels que Blood Ceremony, Witch Mountain ou même Ghost se sont fait une spécialité de remettre cette facette du rock au goût du jour. Ce qui nous amène en 2012 quand The Oath voit le jour. Un EP & un album plus tard, le groupe se sépare, non sans dommages puisque dans des interviews, Linnéa Olsson, une des fondatrices, préfère ne pas parler dans le détail de ce passage musical.

Musicalement, on est pleinement dans un rock qui va puiser sa source dans les années 70 et l’occulte. Les riffs sont sombres, portés par la voix de la co-fondatrice avec Linnéa, une certaine Johanna Sadonis. Et bien que leur seul album ne soit pas parfait, on sent déjà naître une envie d’Occult rock qui va se continuer dans le projet post The Oath de Sadonis : Lucifer.

Un premier album pour poser les bases, un deuxième pour confirmer les attentes, et nous voici en 2020 avec l’annonce du troisième opus de la discographie des Suédo-Allemands. Entre temps, Johanna Sadonis a rencontré Nicke Andersson. Au-delà d’un mariage au civil, il y a une vraie fusion entre les deux qui vont modeler Lucifer à leur image. Il faut dire qu’Andersson a de l’expérience dans la musique, lui qui est à la base des Hellacopters, groupe Suédois très important dans la scène Punk/Garage Rock.

Lucifer III est un véritable aboutissement dans leur discographie. On retrouve les points forts de son prédécesseur mais dans une version améliorée. On attaque avec 3 titres qui sont une franche réussite, mention spéciale à « Ghosts » et son riff principal d’une efficacité redoutable. Mais là
Lucifer II s’essoufflait vite après son départ canon, son successeur parvient à faire repartir la machine avec d’excellents morceaux. On peut noter le groove détonnant de « Pacific Blues », le refrain entraînant de « Flanked By Snakes » ou encore la ballade finale « Cemetery Eyes » qui est peut-être le meilleur morceau de la carrière de Lucifer.

Mais là où le groupe a su évoluer, ce sont dans les petites nuances apportées. Le petit clavinet à la fin de « Midnight Phantom » apporte un coté Ghost de la belle époque qui rajoute à ce côté occulte. Et tant qu’on est dans les hommages, on notera l’usage de la cloche de « For Whom The Bell Tolls » de Metallica dans ce même titre.
Sur « Flanked By Snakes » on soulignera le dernier refrain qui est doublé par la voix d’Andersson qui rajoute un petit quelque chose d’épique.
Enfin, revenons sur « Cemetery Eyes » qui non content de finir l’album, est une track parfaite pour terminer les concerts du groupe avec ce riff joué en boucle pendant les dernières deux minutes.

Johanna Sadonis n’est pas en reste. A chaque album, sa palette vocale évolue. On entend beaucoup plus de nuances dans son chant, passant du cri et des hurlements de The Oath à quelque chose de bien plus mélodique qui apporte énormément à la musicalité. Il y a une vraie évolution avec les années et son travail paye. Sa voix devient de plus en plus reconnaissable et marquante. Avec ses albums qui sont à chaque fois réussis, on pourrait oser une comparaison directe avec Coven. En tout cas, la filiation n’est pas niée et Lucifer est un magnifique descendant des travaux de Jinx et ses compères.

Est-ce que Johanna Sadonis aura le même impact que Jinx Dawson ? Il est bien trop tôt pour le dire. Mais si Lucifer peut inspirer des femmes de tous horizons à prendre une guitare, une basse ou un micro, alors le travail sera réussi. Grâce à ce genre d’entité, l’héritage de Coven continue d’exister et de briller. La relève est bien existante et l’occultisme ne risque pas de mourir. Lucifer III est une vraie réussite qui va concourir au titre d’album de l’année sans sourciller.

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