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Muse – Simulation Theory

Il était attendu de pied ferme, il est enfin disponible. Le nouvel album de Muse nous promettait un revival 80’s et de la synthwave. Qu’en est-il vraiment ?

Chaque album de Muse est précédé d’une certaine attente. Malheureusement on est plus de l’ordre de l’obsession morbide que de la véritable impatience candide. Depuis Black Holes And Revelations, le trio Anglais s’est muté en une créature de stade plus grosse d’album en album. De quoi diviser le monde de la musique. Groupe perdu pour la science d’un coté, adoration chez d’autres, il faut reconnaître chez Muse un goût du risque maîtrisé.

Les 3 compères n’ont jamais hésité à incorporer des sonorités électroniques dans leurs morceaux, l’exemple le plus notoire étant The 2nd Law. Entre « Unsustainable », dubstep à souhait, « Madness » parfait tube de radio ou bien « Follow Me » son infâme, Muse avait risqué l’aventure Electro, sans pour autant être perdu. Ce qui est Trendy, c’est ce qui vend. Et ça, les gars du Devon l’ont bien perçu. Après un Drones décevant, il fallait redresser la barre, au moins en terme de ventes d’album. Pour ce qui est des concerts, ne vous inquiétez pas, tout roule.

Quand a débarqué « Dig Down » en mai 2017, Matthew Bellamy assurait à qui veut l’entendre que le groupe allait muter. Finis les albums, place aux singles sortis ici et là. Pourtant, Simulation Theory a vu le jour, avec sa myriade de singles, et sa pochette hideuse. Tout ça était porteur d’un message : revival 80. Et on pouvait même extrapoler à un genre dont les codes étaient mis en avant lors de la promotion de l’album : la Synthwave.

Et quand démarre le 8e opus des Britanniques, on est en plein dedans. « Algorithm » puis « The Dark Side » remplissent leur fonction. Rien de bien transcendant mais on reste sur une ligne de conduite claire. En parlant de conduite, ne vous étonnez pas si on retrouve « Algorithm » dans des pubs pour des voitures. Après cela, on a « Pressure », qui était le dernier single sorti avant que l’album ne soit lancé dans son entièreté. Une chanson qui rassurait un peu les fans, mais qui dans le contexte de l’album, marque le véritable problème de cette « Théorie » : La Cohérence.

D’une partie Synthwave on passe sur un rock de stade efficace, pour passer à un duo de chansons ressemblant à du Prince discount. Du leader Prince donc. Mention spéciale à « Propaganda » qui est une purge sans nom. De sa voix digitalisée immonde, au solo en son clair qui n’a rien à foutre là, tout est raté. Pendant qu’on aborde le sujet, la 6e piste est « Something Human ». Une ballade sans aucun intérêt, sauf celui de nous confirmer que Muse devient de plus en plus Matthew Bellamy and Friends.

« Thought Contagion » débarque ensuite pour nous rappeler trois choses. Muse est encore capable de sonner rock, et Dominic Howard est encore vivant. On en est à un point de non retour avec le batteur anglais, à tel point qu’on en est à se demander s’il ne serait pas plus économique de le remplacer par une boîte à rythme, même en live. Enfin, les choeurs de Chris Wolstenholme sont magnifiques. Que ce soit ici ou sur « Pressure », le bassiste est cette pommade pour nos oreilles. Certes, c’est du vu et revu, et ça entérine le côté stade de ces morceaux, mais c’est ultra efficace.

Il nous reste 4 morceaux, et 3 merdes. La première, « Get Up And Fight ». On dirait un mauvais morceau de 30 seconds To Mars. Et puis cette voix féminine de Tove Lo qu’on retrouve en intro, au début des couplets ou encore sur la fin est risible tellement elle paraît has-been. Outro qui est la cerise sur le gâteau puisqu’on retrouve le Matthew qui veut à tout prix caler une note aigue pour montrer qu’il chante bien. Une habitude sur les dernières productions Musiennes. Ensuite c’est « Blockades », qui assume complètement son coté rétro, du moins sur ses couplets. Au moins on se rapproche de l’idée de base qui était le revival 80. Derrière ? « Dig Down ». Un sous « Madness ». Je vous laisse donc imaginer l’atrocité. Pour terminer l’album, « The Void » aka le morceau solo de Bellamy, les autres vont à peine participer. Oubliable et même très vite oubliée. Si l’aventure vous en dit, il vous reste les éditions deluxe & super deluxe pour avoir des versions « Alternate Reality » de certains titres.

Muse est devenu un groupe de vieux voulant rester jeune à tout prix. Le décalage entre leur vision d’eux-mêmes et la réalité est assez frappant. Le pire reste cette opportunisme commercial gerbant, camouflé sous une couche de revival 80 pour surfer sur Stranger Things ou encore Ready Player One. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont allé chercher le graphiste de la première nommée pour la pochette.. Au lieu d’aller au bout de leur idée et de proposer un vrai album de Synthwave ou bien de dérivés de ce genre, le trio nous assène une production qui va dans tous les sens. Une sorte de The 2nd Law bis, avec moins de morceaux marquants. L’ensemble n’est pas mauvais pour autant, mais rien de fantastique n’est à sauver. Et c’est bien ça le naufrage.

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