Nous sommes le 1e avril 2020 et plutôt que de vous faire une blague potache, on a décidé de rendre hommage aux pires albums sortis lors de la décennie précédente. Histoire de faire une petite suite à notre série du jeudi. Vous êtes prêts ? C’est parti.
L’album de MattRouq : Asking Alexandria – The Black
Dans la grande famille du metalcore / post-hardcore générique, qui se contente de reproduire (en moins bien) tous les clichés du genre, je demande Asking Alexandria. À leurs débuts, les Anglais étaient pourtant vus comme de potentiels porte-étendard de leur scène, avec deux premières livraisons qui, bien qu’inégales, laissaient entrevoir un vrai potentiel. Puis il y a eu Stepped up and scratched… un album de remix electro. Bon, pourquoi pas, après tout difficile d’en vouloir à la bande, alors très jeune, de vouloir capitaliser sur leur succès naissant et de tenter de toucher un autre public.
D’autant plus qu’en 2013, From Death to Destiny, est probablement la galette la plus aboutie du groupe. Un peu de moins de chant crié, quelques vraies bonnes idées, des refrains catchys, en bref, une recette un peu plus radio-friendly, et surtout le climax de la carrière d’Asking Alexandria. Car la suite ressemble à une longue descente aux enfers. Danny Worsnop, le frontman de la bande, décide de se faire la malle pour rejoindre We Are Harlot, faire un album de rock à l’ancienne franchement pas dégueulasse, puis des projets solo… de country. Pendant ce temps, les musiciens recrutent l’Ukrainien Denis Shaforostov, ex-membre de Make Me Famous, un groupe souvent raillé pour être une copie d’Asking Alexandria. La collaboration ne dure qu’un an, avant que Denis ne parte à son tour et que Danny ne revienne comme une fleur.
La version Denis Stoff aura donc accouché d’un seul album, The Black. Autant se le dire : From Death To Destiny a marqué l’apogée d’Asking Alexandria, il n’y a plus rien à sauver après. Et surtout pas The Black. Des singles utilisés pour promouvoir la galette à la livraison en elle-même, les Anglais ne sont plus qu’une parodie d’eux-même. Fan de longue date du groupe, Shaforostov tente vainement de faire du Worsnop. Les musiciens tentent d’incorporer des éléments électro. Mais le chant crié est agaçant, le chant clair est plat. Quelques bonnes lignes de guitare ici et là, mais c’est bien tout ce qu’il y a de positif à dire. Si on peut hocher la tête devant « Let It Sleep » ou « Just a Slave to Rock’n’roll », la seconde moitié du disque est une horreur. Le moment précis où Asking Alexandria tombe dans les abysses des vieux clichés du post-hardcore. Dixième et antépénultième titre, « Gone » est une ballade ratée, l’ultime clou dans le cercueil.
N’ayez crainte, le retour de Danny Worsnop n’a rien sauvé. L’album éponyme de 2017 est également un flop. Mais au moins, « When The Lights Come On » avait le mérite d’être un bon titre. The Black ne peut pas se targuer d’avoir un single pouvant faire office d’arbre qui cache la forêt. RIP à la carrière d’Asking Alexandria, qui ne pourra même pas se cacher derrière la qualité de ses shows, leur réputation dans le domaine étant au mieux médiocre.
L’album de DreyTalquor : Korn – The Path Of Totality
Bon, on va pas se le cacher, le Nu-Metal a déjà pas mal pris cher durant la décennie précédente. Pas mal de mauvais albums, du style qui commençait vraiment à s’essouffler… Le genre arrivé, à la fin des années 2000, avait déjà bien creusé sa tombe. Les dix années qui nous intéressent ici n’ont rien arrangé.. Elles furent même les années qui ont posé la pierre tombale.
Faisons un bref état des lieux arrivé en 2010 : Slipknot est meurtri par le deuil de leur charismatique fondateur et bassiste, Paul Gray. Deftones s’avance progressivement sur les terres du post rock avec Diamond Eyes, Limp Bizkit redevient ce qu’il a toujours été, un groupe ringard, Linkin Park commence à diviser les fans avec la sortie de leur premier album considéré comme moyen, à savoir A Thousand Suns et Korn dans tout ça ? Korn sort Korn III: Remember Who You Are (aucune idée où se trouve Korn II dans la disco du groupe), un album vraiment passable, où seul « Oildale » brille. Le groupe étant en pleine traversée du désert, Brian « Head » Welsh le leader artistique du groupe étant parti pour d’autres horizons il y a de ça 5 ans, laissant Korn pondre disques moyens sur disques moyens.
Mais les Californiens ont remis le pas l’année d’après, en 2011 avec un album vraiment singulier dans leur discographie, un album mélange d’électro et de Metal jumpy, à savoir The Path Of Totality. Cet album est une suite logique de l’histoire du groupe en somme. Jonathan Davis, le charismatique chanteur s’est retrouvé au volant de la production de celui-ci, et comme il est aussi un grand amateur de musique électro et DJ à ses heures perdues, il a voulu réunir ses deux genres préférés au sein d’un album.
Alors je comprends pourquoi Davis à un attachement tout particulier pour cet album, mais désolé mon vieux, ton disque là il est claqué au sol. C’est simple on reprend le pire de Korn des deux derniers albums et on mélange tout ça avec des featuring d’artistes électro qui ont la côte à l’époque. Donc quand je parle de musique assistée par ordinateur, désolé aux fans d’ambiant et à tout ceux qui se paluchent sur Burial, ici ce sont des gros beats bien gras proposés par Excision, Noisia ou notre emo préféré à tous, Sonny John Moore, plus connu sous le nom de Skrillex. Alors on peut apprécier ce genre de musique, je ne vous jette pas la pierre, et sans doute que le mélange des genres aurait pu fonctionner sous une autre formation, plus stable pour le groupe que celle où est sorti ce disque. Mais là on se retrouve devant un album vraiment branlant, ou rien ne se démarque vraiment du reste. Ça reste plat tout du long, y’a aucune partie que ce soit des DJ ou de Korn qui nous accroche un tant soit peu. Et pour des morceaux courts, on s’ennuie profondément une fois arrivé à la 4ème piste et l’effet de surprise passé.
Bon allez quand même, il y a eu une époque où sans en écouter fanatiquement, je reconnaissais le petit talent de composing de Skrillex, donc les feat qu’il a fait sur cet album nous feront tendre l’oreille, notamment « Narcissistic Cannibal » qui est sympa sur la première écoute. Mais ce n’est pas pour autant que ca nous donne envie de réappuyer sur le bouton replay.
The Path Of Totality, en plus d’être un mauvais album, c’est surtout celui qui va totalement plomber la carrière de Korn. Au vu du désastre, « Head » est revenu à la charge afin de réparer au mieux le navire, s’en est suivit des albums soit osef comme The Paradigm Shift ou The Nothing (ma déception de 2019 au passage comme ça c’est dit) ou qui mérite une petite écoute comme The Serenity Of Suffering, mais rien qui va de nouveaux me transcender comme l’avait fait Take A Look In The Mirror ou Issues au début des années 2000. La faute justement à la prod héritée de ce fameux vilain canard qui fait pew pew avec les platines. Tout les disques suivant The Path Of Totality vont baigner dans cette production brouillonne, ou l’on ne distinct plus aucun instrument et surtout plus l’attraction du groupe, à savoir Fieldy et son fameux slap de basse !
Bref, le début de la décennie annonçait des jours sombres à venir pour tout les amateurs de metal jumpy qui portait fièrement leurs baggies et leur dreads au lycée. Et bien je pense qu’on peut dire sans soucis que le genre est définitivement mort. La faute en partie à ces albums vraiment moyens, ou rien ne sortait du lot.
Et autant, l’ado que j’étais regrette un peu la mort du Nu-Metal, autant je suis bien content que la Dubstep (jveux dire, même Skrillex s’en est lassé et est reparti faire du rock émo dans son coin) et tout ces genres d’electro vraiment surproduits ont disparus de la scène musicale. J’espère ne pas les revoir de si tôt.
L’album de PlayToDie : Machine Head – Catharsis
Machine Head est une histoire compliquée. Sous la houlette de son frontman Robb Flynn, la formation a connu plusieurs périodes : un début en fanfare avec Burn My Eyes et The More Things Change, les envoyant au devant de la scène avec un succès critique et commercial. Les deux albums suivants, The Burning Red et Supercharger, seront l’exact inverse. Se conditionnant aux genres en vogue à ce moment, ils couleront presque la carrière du groupe (surtout Supercharger), lâché par leur label. Through The Ashes Of Empire relancera le quatuor, qui enchaînera avec The Blackening. L’album est universellement acclamé, se battant souvent avec Burn My Eyes pour le haut du podium des albums du groupe. Sorti en 2007, c’est avec celui-ci que j’ai découvert Machine Head. En 2011 puis 2014, ils sortiront Unto The Locust et Bloodstone & Diamonds, deux albums de bonne facture mais en dessous de The Blackening.
A l’aube de 2018, Catharsis sort avec de l’appréhension chez les fans. Les singles n’étaient pas convaincants, « Beyond The Pale » se payant même des accusations de plagiat, son riff principal ressemblant de très près à celui de « Love? » de feu Strapping Young Lad. Mais commençons par le départ. Ce que l’on voit en premier : la pochette. L’art peut être subjectif mais honnêtement, c’est moche. Ensuite une autre donnée importante : Catharsis comporte 15 chansons cumulant 74 minutes et 26 secondes. Devant un tel pavé il serait conseillé d’éviter les répétitions. Spoiler : ce ne sera pas le cas.
Passons donc à la musique, et commençons par le positif. L’album est bien produit et le mixage est d’assez bonne qualité, même si les toms du batteur Dave McClain sonnent parfois très bizarre (coucou « Psychotic » et « Razorblade Smile », c’est de vous qu’on parle.)
Maintenant le négatif. Parce qu’il y a beaucoup à dire de la part d’un groupe ayant sorti deux perles du groove/thrash metal. L’approche a été différente des albums, les morceaux ne dépassant ici presque jamais les cinq minutes, alors qu’avant c’était le contraire, les morceaux ne descendant que rarement en dessous de cette barre. Cela explique le nombre de morceaux, mais aussi que ceux-ci ne prennent pas le temps de développer leurs idées. Qui en plus sont réchauffées : le groove disparaît, le thrash aussi, et on se retrouve avec un ensemble penchant plus vers le nu-metal. Et pas forcément le bon, plutôt celui dont Drey parle plus haut. « Heavy Lies The Crown » est un essai – foiré – de refaire un morceau épique à la « Descend the Shades of Night ».Et quand ce n’est pas ça ce sont des ballades mièvres et peu inspirées. Si « Behind A Mask » est pauvre, c’est « Bastards » qui remporte la mise sur l’échec. La composition sonne cliché comme rarement pour un groupe de cette envergure, et le dernier tiers ferait rire si ce n’était pas ̶R̶o̶b̶b̶ ̶F̶l̶y̶n̶n̶ Machine Head qui l’avait écrit. Et je n’ai pas abordé la version « poetry slam » du morceau (ne vous imposez pas ça).
Au-delà des compositions sans inspiration voire de mauvais goût, l’autre point noirs est les paroles. Le fond n’est pas forcément mauvais, mais a la teneur et l’argumentation d’un rant de Kanye West qui rage envers Taylor Swift. « Volatile » a des couplets dignes d’un ado un poil trop edgy. Une des facettes les plus rageantes est les couplets en mode freestyle trop présentes sur l’album (« Triple Beam », « Bastards », Psychotic ») pas franchement aidées par des paroles triste à écouter. Il ne faut pas se mentir les paroles sont vraiment naïves voire parfois immatures, et souvent clichées.
« Remember there is love! / Our words can stop their guns / Forget the rednecks «
Bastards, Machine Head
« We rise / We fall / And then we come together / So get your middle fingers in the air »
Kaleidoscope, Machine Head
Ce que je ne vous ai pas encore dit. C’est que c’est Robb Flynn, un homme de 51 ans en 2018, qui a écrit toutes les paroles. Le frontman a concentré toute sa frustration (notamment envers l’Amérique) et a pondu 15 textes oscillant entre diss track de rappeur et texte générique de nu-metal. Tout n’est pas à jeter, rassurez-vous, mais il vous faudra fouiller. Véritablement, lire l’égo trip de Robb Flynn est une expérience. Si vous vous en sentez le courage, tentez l’aventure site de rencontres amicales gratuit belgique.
Tout les éléments nommés ci-dessus, opposés à The Blackening ou Unto The Locust, font de Catharsis ma plus grande déception musicale. Que l’on s’entende bien : ce n’est pas l’album le plus mauvais de la décennie (on doit pouvoir trouver des albums de groupes inconnus sous mixés et absolument horrible en fouillant bien), mais c’est Machine Head qui l’a fait ! Le groupe qui a écrit « Halo »! Qui a composé « Davidian », envoyé « Imperium » ! La chute a été violente. A tel point que Phil Demmel et Dave McClain, présents dans le groupe depuis respectivement 17 et 24 ans, ont quitté le Machine Head à cause des divergences artistique, ce qui a failli arrêter le groupe. Au final, pour résumer cet album, un commentaire de la vidéo ci-dessous explique bien Catharsis:
« If Supercharger was Machine Head‘s St. Anger, Catharsis is their Lulu. »
spardaelisyum, 2019
L’album de Maxallica : Tonight Alive – Limitless
J’ai toujours beaucoup de mal à écrire sur des albums que je n’aime pas car je trouve qu’il y a déjà tant de négativités dans ce monde que je préfère concentrer mon énergie et mon écriture sur des albums que j’adore et des groupes que je découvre. En 2016 j’avais fait une exception pour la sortie de l’album Limitless des australiens de Tonight Alive tant je me sentais trahit et je ne comprenais absolument pas ce que le groupe avait essayé de nous dire. Surtout quand trois ans avant le combo sortait l’incroyable The Other Side, sans doute le meilleur album de pop-rock en dehors de Paramore, et quelques mois en amont le morceau « The Edge » pour la BO de Spiderman 2.
Pour cette édition spéciale sur Granny Smith j’ai décidé de me replonger dedans et de redonner une nouvelle chance à cet album. Bon je vais vous la faire courte en vous disant que mon avis n’a pas évolué d’un iota et que terminer cette écoute fut vraiment difficile. Tous les défauts constatés à l’époque sont toujours aussi présents et sont même exacerbés par une production et un mix que je trouve vraiment de bas niveau.
Cet album est en effet le Jenna McDougall Show et non pas un album de Tonight Alive tant on n’entend que la frontwoman sur la majorité des titres. Les guitares, la basse et la batterie sont aux abonnées absentes sur la grande majorité des titres, on dirait de la très mauvaise pop qui passe sur NRJ et c’est affligeant à écouter. Comme si Tonight Alive avait voulu faire du Katy Perry à sa sauce, en mauvais. Je vous jure que c’est gênant sur certains morceaux comme « Oxygen » ou encore « Drive » (peut-être le pire de l’ensemble).
Le seul rayon de soleil de cet opus est sans doute le titre « Waves » qui possède au moins la qualité d’être une belle ballade pour le reste, tout est à jeter malheureusement. Pourtant Tonight Alive n’est pas un mauvais groupe loin de là mais un groupe qui s’est perdu sur cet album et qui ne s’en est pas relevé puisque son successeur en 2018, Underworld, n’était vraiment pas flamboyant non plus.
Faites-vous plaisir et aller écouter What Are You Scared Of et The Other Side pour avoir une bonne image du groupe, vous me remercierez.
L’album de Tolol : Metallica & Lou Reed – Lulu
Il est éminement compliqué d’écrire sur un album que l’on a détesté. Après réflexion, plusieurs candidats se dressaient devant moi pour obtenir le fameux graal de pire album de la décennie passée. Et si Hail To The King d’Avenged Sevenfold fut longtemps le vainqueur, il du s’incliner face à Lulu au prix d’une dernière réécoute qui fut fatale au concept album.
Je pense qu’il est difficile de trouver une personne qui ne fut pas circonspecte à l’annonce d’un album de Metallica & Lou Reed. Il faut dire que le mélange n’annonçait rien de forcément bon, surtout après le premier extrait dévoilé. Une petite partie du single « The View » sortait sur les internets avec ce qu’il faut pour s’imaginer la suite. On avait un riff plutôt bon, un James Hetfield au chant heavy et un Lou Reed en mode Grand Corps Malade. Et c’est sur ce point que le gros problème de l’album subsiste.
Le mélange de heavy metal et de spoken word ne fonctionne absolument pas et rend toutes les interventions de Lou Reed inaudible et insupportable. Il est horrible de se dire que la dernière oeuvre d’un tel géant de la musique est cet album. Mais comme dans l’énoncé, il y a aussi Metallica, on va pouvoir s’arrêter un brin sur les Californiens.
Je fais parti de cette catégorie de fans de Metallica qui aime St Anger et qui le défendra jusqu’à la mort. En revanche, je refuse de donner du crédit au groupe pour cette sortie. Rien n’est à sauver, hormis le riff de « The View » qui reste plutôt bon. Pour le reste on a un mélange cacophonique à la limite de l’écoeurement. Mention spéciale pour Lars Ulrich qui se surpasse dans ses breaks de batterie qui ressemble plus à un mec bourré qui tombe sur son instrument qu’à autre chose.
Enfin, il faut parler de la longueur de l’album qui approche l’heure et demie. Avec des titres dépassant les 10 minutes, voire approchant les 20 si on parle de « Junior Dad » qui termine Lulu. Si encore, ces morceaux possédaient de la qualité, on passerait l’éponge sur la durée. Malheureusement ce ne sont que des épreuves de plus dans ce calvaire qu’est l’écoute entière de l’album. Metallica & Lou Reed ont offert au monde de la musique une expérience qui mérite au final qu’on s’y attarde tant on est proche du monstre de fête foraine. Une créature si bizarre qu’on est obligé d’y passer au moins une fois pour se rendre compte des dégats. Vous n’en sortirez pas indemne.