Les courants alternatifs s’emparent de l’attention, cela fait maintenant plus de trente ans que cela dure. Même les niches sont touchées, et le Metal n’est pas épargné. Depuis quelques années, des mouvements qualifiés du nom “Post” ont émergé et montré la création d’un réel intérêt; jusqu’à même devenir un des microcosmes les plus actifs et majeurs de la scène. Parmi ces derniers se présente le label souvent placé en tête de file, Pelagic Records. Cette année, la maison de disques allemande met une nouvelle fois en avant l’un de ses petits protégés : Psychonaut.
Il aura fallu attendre deux ans avant de voir le trio belge revenir après l’immense succès que fût leur premier album studio : Unfold the God Man. Leur nouvel opus, intitulé Violate Consensus Reality, prend la suite de son prédécesseur en termes de style et d’influence. Cependant, ce dernier prend le parti pris d’y élaborer un concept, demeurant dans la dissertation au propos de la création d’un nouveau monde ainsi que de l’acceptation d’une nouvelle identité humaine. Vous l’aurez compris, au-delà de composer une musique complexe, les originaires de Mechelen se penchent ici sur un sujet on ne peut plus alambiqué. Toute la qualité du groupe réside dans sa capacité à façonner un univers sonore résolument versatile, tout en conservant le sens de la mélodie accrocheuse.
On peut, de ce fait, retrouver sur ce second album des passages brutaux, très directs, à l’instar du morceau A Pacifist’s Guide to Violence qui se veut comme étant très agressif. On aperçoit également des titres bien plus progressifs, offrant plus de lumière comme la piste éponyme ou encore Hope et Interbeing. Cependant, ces derniers ne sont pas dénués de toute saturation et offrent même des riffs explosifs, imposant beaucoup d’impact et de lourdeur. Ce jeu d’équilibriste permet à Violate Consensus Reality une véritable fluidité rendant l’écoute non seulement agréable, mais également surprenante.
Par ailleurs, cette même volonté d’osciller régulièrement sur le jeu des ambiances permet également au registre purement vocal d’exprimer un potentiel important. En effet, outre le chant hurlé propre au Post Metal, on distingue des lignes claires très bien pensées, offrant une harmonie très prenante. De plus, cette diversité harmonique s’enrichit de la présence de Stefanie Mannaerts –chanteuse et batteuse de Brutus– sur la chanson titre; ainsi que la vocaliste d’Amenra, Colin H. van Eeckhout, sur le même morceau. En plus d’accroître le spectre des tessitures du disque, ces apparitions mettent en avant le statut naissant de Psychonaut au sein d’une scène belge en ébullition.
Cette réputation ne se veut pas comme étant imméritée, du fait notamment d’une maîtrise accrue de leur art. En effet, Violate Consensus Reality offre une musique cherchant à la fois de nouvelles limites, mais en essayant aussi de persister dans l’élaboration d’une ébauche toujours complexe. Les morceaux longs et tortueux, ainsi que les riffs et rythmiques syncopés en attestent aisément. Au-delà de ça, le trio parvient à y incorporer un sujet au thème profond, lorgnant sans franchement se cacher du côté de la philosophie. Cette même caractéristique est en plus alliée à la musique de Psychonaut en adéquation avec les textures sonores utilisées. Effectivement on retrouve une certaine dichotomie entre révolte, sentiment de grande rébellion et calme lumineux, surplombé d’espoir et de méditation. Cela offre à l’album une certaine richesse qui sert très bien le propos, tant lyrical que musical.
Avec ce second album attendu par les auditeurs du groupe, le groupe parvient à offrir une œuvre puissante, tout en restant dans une certaine continuité. À travers Violate Consensus Reality, Psychonaut confirme tout son énorme potentiel ainsi que son grand talent à élaborer des projets complexes mais cohérents. Nul ne doute du grand avenir réservé au trio de Mechelen tant la musique qu’ils produisent impressionne et fédère autour d’elle, faisant des travaux des belges, des pièces qu’il est impératif de considérer et d’écouter.