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Bring Me The Horizon – amo

C’est sans doute la sortie qui suscite le plus de réactions en ce début d’année. Le 6e album de la bande à Oli Sykes est sorti il y a quelques jours et les chroniques ont fleuri aussitôt nous permettant de nous poser une question à laquelle on va tenter de répondre.

Faut-il sacraliser le changement dans une discographie ?

Bring Me The Horizon est un groupe qui ne laisse pas indifférent. Débutant leur carrière du côté du deathcore, leur style a évolué au fil des années vers un metalcore moderne puis vers l’électro-pop pour peut-être aboutir à sa version la plus complète avec amo. Ce virage, cette progression est encensée par qui le veut sous prétexte qu’un artiste ne doit pas rester dans sa mouvance.

« On reconnaît un bon groupe à cette capacité à se renouveler, à proposer de nouvelles choses, à prendre des risques. » © One Standing

Il serait donc impossible pour une formation de rester dans son style de base et de simplement réussir à vivre de sa passion ? Voilà quelque chose qui ferait bien rire Iron Maiden ou Ac/Dc. Et si vous voulez du plus récent, Architects est un groupe reconnu dans son art de ne pas se renouveler. Pourtant, chaque album est maintenant attendu et ils semblent sur une pente ascendante.

Maintenant, il est évidemment louable qu’un artiste sorte de sa zone de confort et aille explorer d’autres univers. Mais il subsiste un point important dans cette motivation. Est-elle sincère ou non ?

De l’art de l’opportunisme.

Il faut croire que l’Angleterre est un terreau fertile en ce qui concerne les changements drastiques de carrière. Muse, Coldplay ou encore Enter Shikari sont réputés pour leurs virages vers quelque chose de plus « commercial ». Sous-entendu, de la musique radiophonique sans véritable âme mais avec une rentabilité élevée. On a pu le voir pour les 2 premiers exemples cités, leur popularité a explosé à partir du moment les tubes pop/electro se sont enchaînés.

L’opportunisme est une stratégie commerciale qui n’est pas forcément des plus classes, mais qui a le mérite de marcher, si on est un tant soit peu talentueux. Et c’est bien là que l’on va voir si l’option choisie par BMTH est la bonne. Car amo regorge de chansons qui surfent sur des courants populaires, surtout outre-Atlantique.

On retrouve des instrus qu’on pourrait avoir sur des albums de Post Malone ou d’autres rappeurs en vogue comme « In The Dark » ou « Ouch ». D’ailleurs, le chant est même rappé sur quelques titres dont « why you gotta kick me when i’m down ? » qui possède des couplets trap et un refrain electro du plus bel effet. On dirait du Muse. L’imagerie « mixtape rap » se retrouve dans la pochette d’album ou bien les titres qui sont en minuscules, une mode qui commence à prendre un peu d’ampleur.

Si vous vouliez du rock, BMTH vous en offre avec « MANTRA » ou « sugar, honey ice & tea » qui pourraient figurer sur une tracklist d’un album de Fall Out Boy, un autre groupe qui a complètement viré de bord. Ne vous inquiétez pas, tout n’est pas tout noir. On retrouve « wonderful life » comme titre plutôt réussi. Riff accrocheur, refrain qui fonctionne, présence de cuivres qui donne un petit coté épique plutôt agréable. L’exemple le plus flagrant reste « heavy metal », morceau qui arrive à bien mélanger le coté agressif du rock et le chant rap avec la présence de Rahzel, membre des Roots et beatboxer émérite, comme on peut l’entendre à travers le son. C’est aussi un sacré pied de nez aux supporters du « ct mieu avan ».

« I’m afraid you don’t love me anymore
‘Cause a kid on the ‘gram in a Black Dahlia tank
Says it ain’t heavy metal
(And that’s alright, that’s alright) »

Malheureusement on retrouve aussi des titres bien plus navrants. « nihilist blues » son refrain de boîte de nuit et ses couplets proches de la dubstep. On a « medicine » qui est un énième morceau pop sans aucune saveur qu’on bouffera jusqu’à plus soif dans les lancements de reportage et autres radios généralistes. Pareil pour « mother tongue » qui a le mérite d’avoir un refrain gnan gnan au possible. L’album se termine d’ailleurs par « i don’t know what to say » qui résume bien notre état d’esprit après les quelques écoutes de ce amo.

Qu’en penser au final ?

Bring Me The Horizon a clairement viré de bord. On ne l’a pas signalé, mais le fait qu’Oli Sykes, le chanteur, ne puisse plus hurler est un facteur important. Fallait-il pour autant embrasser la route des radios, des playlists ? C’est un débat que l’on pourra avoir dans quelques temps, une fois les retombées de cet album connues. Si on est censé reconnaître un bon groupe à sa capacité d’évolution, on reconnaîtra les plus grands à leur faculté de magnifier chaque tentative et chaque chanson. Pour BMTH, on est loin du compte.

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