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[ITW HF 17] Mars Red Sky – « Le stoner était obsolète avant même qu’il soit crée »

Ils étaient de passage au Hellfest pour défendre Myramyd leur nouvel Ep et ça tombe bien puisqu’on était aussi la-bas pour les interviewer. Cinéma, Black Metal ou encore horaire du Hellfest sont au programme de cette interview. On remercie encore Matgaz (Batteur) et Julien Pras (Guitariste/Chanteur) pour leur temps.

En 2014 vous faisiez l’ouverture du fest devant une Valley peu remplie à cause des problèmes lors de l’ouverture à 10h30. Cette année vous avez 50 minutes, vous passez en fin d’après-midi, le samedi, du coup dans 4 ans vous êtes en tête d’affiche ?

MatGaz : « En fait on est dopés aux hormones. On vient de nous donner un lait spécial qui fait grandir et nous voilà plus gros que jamais. Pour nous c’est un horaire de têtes d’affiche presque. On est hyper content d’avoir fait un bon de 7 heures dans le temps. C’est pas la même chose et ouais on est très heureux de jouer à cette heure-ci. Malgré tout la dernière fois on avait aucun regret parce que c’était notre place de jouer à 10h30. Y’avait pas d’autres alternatives quand tu voyais les groupes qui passaient après nous, c’était logique qu’on ouvre et c’était une super expérience parce que jouer à 10h30 ça se fait pas beaucoup, avec un café et une pomme dans le gosier. C’est d’autres sensations (rires). En plus, même si y’avait eu des problèmes à l’époque, y’avait eu une super ambiance. Bon, on nous dit souvent à propos de ce show « On était dans la queue, on vous a entendu, on vous a loupé ». Malgré tout on avait bien aimé cette expérience d’il y a 3 ans. »

Cette année vous venez avec un EP spécial nommé Myramid, ça se prononce comme une pyramide ?

MG : « Ouais c’est comme pyramide mais joué en Mi. »

Du coup pourquoi cet EP ?

Julien Pras : « En fait on avait ce projet de faire un morceau un peu spécial en attendant un prochain album. Parce qu’on avait déjà fait une sorte de créa, on faisait des instrumentaux qui accompagnaient des images, notamment le jour de la release party du 2è album on avait fait ça avec une amie qui faisait de la musique acousmatique donc c’était un gros chantier et on s’était dit qu’on devait faire une pièce comme ça un peu plus courte qu’a l’époque. Bon le morceau fait quand même 17 minutes. Mais on voulait aussi faire un joli vinyle avec sur la face B une gravure. On avait cette idée et pour la mise en forme j’avais pas mal d’idées chez moi. Mat était en tournée avec James Leg à ce moment il a fallu organiser tout ça. On avait un peu de matière de base puisqu’au fur et à mesure des concerts, on improvisait des interludes entre les chansons, on commençait à développer des trucs. C’est aussi ça qui a déclenché la mise en route de l’EP, c’est de voir qu’on avait de la matière.
Ce sont des choses qu’on a mis dans le morceau + des riffs que j’ai proposé aux autres membres qu’on a pré-développé ensemble en se disant qu’on allait voir ou ça allait nous guider. On a construit un morceau autour de quelques thèmes centraux. C’est un morceau qui commence avec un thème qui évolue et qui revient à la fin. C’était très agréable à faire et finalement on l’a fait assez vite en termes de composition. L’enregistrement s’est fait encore plus vite. Une fois qu’on l’avait maitrisé on est allé à la Nef à Angoulême avec notre ami Michel Toledo. On a tout enregistré en conditions live. Michel avait pré-mixé, il a fait une sorte de balances. Le tour ressort de la console sur un Revox, appareil à bandes, stéréo, un quart de pouce. Du coup, pas de mix, quelques cuts. Mais on a enregistré en un jour le morceau. Il est parti au pressage 2 jours après. C’est allé très vite. »

Dans votre discographie, et j’enlève l’EP Split avec Year Of No Light, vous alternez sortie d’Album et sortie d’Ep. Comme vous venez de sortir un EP, on peut s’attendre au 4è album bientôt ?

MG : « Faut pas voir  Myramyd  comme l’annonce d’un futur album mais plutôt comme un hors-série. C’est une petite sucrerie à la base pour nous, pour qu’on s’amuse et c’est aussi pour les gens qui nous suivent, les fans. Faut pas s’attendre à ce qu’en septembre le nouvel album sorte parce que les riffs ne sont pas encore là. Mais ça nous arrive de faire tourner des riffs en balances, y’a des petites bribes qui se mettent en place. Mais on est pas dans le processus de composition comme on à l’habitude de faire ou on se réunit tout les 3 dans une maison et on met toutes les idées sur la table. On a encore envie de défendre Apex III en tournée. »

Vous avez prévus de jouer « Myramyd » en live ici pour la première fois, est-ce que vous avez une crainte que le morceau ne passe pas auprès du public ou bien que vous n’arriviez pas à le jouer de la manière dont vous le voulez ?

MG : « Les risques sont limités puisque comme on te le disait, le morceau a été enregistré en live. Donc si on arrive à faire ça, il doit être jouable en live devant des gens. D’ailleurs, on a triché un petit peu, on n’est pas des kamikazes. On l’a joué 2 fois en fait avant aujourd’hui. On l’a fait au Warm-up du Hellfest à la Nef. On a d’ailleurs joué le set que vous aurez tout à l’heure. Et on était en Autriche il y a deux jours pour un festival complètement extrême à base de vikings celtiques, qui boivent du sang de cochon dans des cornes de veau. On a remarqué que le morceau prend bien auprès du public même si on sait que le morceau commence plutôt doucement.
Au milieu de la chanson on a un passage un peu Sonic Youth qu’on nomme « La Vallée de la Mort » et qui est assez planant, beaucoup de nappes de guitares, de basses, pas de batterie juste un gong et forcément les gens pensent que c’est la fin du morceau et applaudissent. On a donc prévu un truc spécial pour faire comprendre que c’est pas la fin. On est pas stressé on est excité de jouer un nouveau set au Hellfest justement ça va être fun. »

« Myramid » est une instrumentale. Qu’est-ce qui fait que vous l’ayez laissée comme telle ? Julien tu sentais que les paroles étaient pas nécessaire ou c’est en la jouant que vous avez senti que vous transmettriez plus de choses comme ça ?

JP : « C’est bizarre mais on avait vraiment l’idée d’un morceau instrumental. J’avais quelques riffs et en bossant le titre on s’est dit qu’on mettrait quelques voix « fantômes ». C’est à dire des couches d’harmonies vocales. Ce sont des trucs qu’on aime bien faire. Avant de composer tout le morceau on avait cette idée claire de ce qu’on voulait faire. »

Sur votre dernier album, Apex III (Praise For Burning Souls), le morceau titre est le premier de votre discographie à dépasser les 10 minutes, « Myramid » dépasse elle les 17 minutes. Vous y pensez en composant ou c’est au fil de l’écriture que vous vous dites « Tiens on peut aller plus loin dans ce morceau » ? Aussi, est-ce que c’est une envie de continuer à créer de longues pièces ou vous faîtes au grè des enregistrements en disant « Ce morceau on fait que x minutes, celui là on fait plus etc. » ?

JP : « Pour « Myramid » y’a eu du brainstorm avant de se mettre à la composition mais généralement on amène des idées et on voit ou ça nous mène. Quand la structure est bonne on arrête, on regarde pas la montre en disant « Ah merde plus de 3 minutes on pourra pas passer à la radio ». On se met aucune œillère. »

Du coup on pourrait très bien voir un morceau de 30 minutes débarquer ?

JP : « Totalement, comme on pourrait voir un truc d’1 minute 30 ou une instrumentale a capella avec du biniou. »

Vous faîtes un set de 50 minutes ici, « Myramyd » en fait 17, c’est pas trop dur de composer une setlist autour d’un tel morceau ?

MG : « Si ! (Rires). Mais même sans qu’on joue ce morceau c’est toujours dur de monter un set. Là on a réussi on fait 5 morceaux et c’est comme ça. Encore là on a 50 minutes on a un peu plus de marges mais quand on a que 30 minutes, et ça nous arrive de moins en moins, comme ici en 2014, là c’est ultra chaud. T’envoie que 3-4 morceaux du coup t’es bridé dans ce que t’as envie de transmettre.
Ce sont des contraintes de planning et on les comprend tout à fait. Quand t’as 160 groupes à gérer t’es obligé de finir à l’heure. Du coup on réfléchit beaucoup entre nous pour faire une setlist au poil. »

Sur l’EP Providence, la cover montrait une raie manta, pour Myramid on est sous l’eau, est-ce que vous aimeriez développer l’univers aquatique un peu plus sachant que vous avez déjà bien développé le voyage spatial dans vos précédentes sorties ?

MG : « A la base notre délire c’est l’espace. Nous ce qu’on aime c’est que nos pochettes racontent une histoire et là on est sous l’eau. Ça dicte pas notre musique mais c’est une valeur ajoutée, ça fait voyager l’esprit. Donc là le vaisseau est sous l’eau. »

Tu parlais des pochettes, elles sont toujours très graphiques, très stylisées, comment vous faîtes ? Vous contactez des gens ou vous avez votre propre graphiste ?

MG : « On a un graphiste qui se nomme Carlos Pop. Il est d’ailleurs ici au Hellfest pour parodier des affiches/photos de musiciens en squelette un peu comme sur la pochette de Myramyd d’ailleurs. On ressemble un peu à un groupe de Black metal parce que notre projet c’est de jouer sous la Altar lors de notre prochaine venue ici. On a déjà le maquillage on est prêt on peut jouer à n’importe quel horaire. »

Pour la chanson Apex III vous avez fait un court métrage. Est-ce que ça vous plairait qu’on vous contacte pour faire la BO d’un film un jour ?

JP : « Carrément ! ça serait vraiment un kif de faire ça. Je pense qu’avec Mars Red Sky on pourrait faire des trucs stylés. On a eu des propositions qui n’ont jamais abouties, mais ouais, on est ouvert aux propositions. »

Si on en croit internet, MRS s’est formé en 2007, pourtant, vos 5 ans ont été fêtés en 2014. Du coup, qui ment ?

MG : « Très bien vu, parce qu’en plus on aurait du fêter nos 10 ans là (rires) »

JP : « Y’a un truc avec le début du groupe qui est très nébuleux. La vraie base ça doit être tout début 2008. On avait commencé le groupe à deux avec Benoit Busser le premier batteur, d’où l’accordage très bas. On est allé chercher Jimmy pour jouer de la basse assez rapidement parce qu’on se connaît depuis 20 ans et on parlait de faire un groupe à la Dead Meadow, Sleep. L’idée à la base était de s’éclater et puis j’ai amené quelques riffs et ça a commencé comme ça. On a aussi eu un décalage d’un an parce que j’ai sorti un album solo, y’a eu pas mal de travail avec Pierre Fillon, notre ingé son depuis nos débuts ou on a enregistré et mixé des sons chez lui. Du coup ouais y’a eu un décalage temporel à ce moment là (rires). Mais ouais techniquement Mars Red Sky c’est début 2008. »

Du coup pour vos 10 ans vous avez déjà prévu de faire quelque chose comme pour vos 5 ans en invitant vos potes sur scène ?

MG : « On en a pas encore parlé mais ouais c’est le genre de truc qui peut arriver parce qu’on aime bien faire des choses avec les copains, mais on en a pas encore parlé puisqu’on a Myramyd qui nous prend notre temps en ce moment. Puis faut aussi qu’on se voit pour se mettre d’accord sur notre date d’anniversaire. Dès qu’on aura la date, on vous tient au jus. »

Sur l’Ep Be My Guide on retrouve une première version de « Seen a Ghost », qu’on retrouve ensuite sur l’album Stranded in Arcadia mais avec quelques changements. Pourquoi deux versions ?

MG : « Y’a plusieurs choses. Le truc c’est que Be My Guide c’est le premier disque que j’ai enregistré avec le groupe. On le voit sur la pochette ou y’a ce côté passage de relai avec l’ancien batteur. Il se trouve que sur la version Be My Guide c’est Benoit qui joue et à l’époque ou j’ai rejoint le groupe, on écoutait les morceaux dans le camion parce que je débarquais tout juste et j’avais pas bien eu le temps de répéter les morceaux. On écoutait « Seen a Ghost » et je disais aux gars que je trouvais ce morceau mortel.
Du coup pour Stranded in Arcadia on la réenregistrée parce que ça faisait un clin d’œil à Benoit, et puis c’est un des morceaux que j’ai appris sur la route en débarquant et que je me le suis approprié à force. Aussi faut dire que Benoit était pas fan de ce genre de morceaux. Du coup on a laissé la version de Benoit sur l’EP et j’ai eu ma version sur l’album qu’on a enregistré au Brésil. »

Il y’a 2 ans, Red Fang jouait sur la Main Stage à 15 h et c’était pas ouf. Cette année ils sont sur la Valley au même horaire que vous (17h40). Du coup, si vous avez le choix entre 17h à la Valley ou 15h à la Mainstage vous prenez quoi ?

MG : « Pour moi le spot de 17h à la Valley c’est le meilleur. Après, dans les prochaines années, pour le fait de changer j’aimerai bien être sur la MainStage. Mais ça nous correspond beaucoup plus d’être sur la Valley. Après comme je disais, si on se maquille c’est l’Altar qui nous attend (Rires) »

Par rapport aux années 90, le stoner a bien changé par rapport à ce que faisait Kyuss. On sait aussi que vous n’êtes pas fan de la classification « Stoner » quand on parle de votre musique. Du coup, vous ne pensez pas que ce terme doit évoluer ? On a l’impression qu’il devient un peu fourre-tout.

MG : « Le stoner était obsolète avant même qu’il soit crée puisque c’est un revival. Le stoner pour moi c’est du rock 70’s sans les solos, sans le côté virtuose du rock 70’s. Après c’est personnel pour moi le stoner c’est privilégier le riff aux grands solos. Du coup pour moi c’est obsolète avant de naître parce que c’est une nostalgie. C’est pour ça qu’on se revendique pas de ce genre de truc puisqu’en plus on sait plus si c’est Kyuss, Nebula ou Electic Wizard. Je pensais que c’était les Melvins qui l’avaient inventé avec leur album Stoner Witch. C’est d’ailleurs ma référence ultime en termes de stoner. Après si les gens nous mettent dans Stoner ça nous va, mais faut redéfinir ça parce que ça part dans tous les sens. »

JP : « On écoute beaucoup de musique et y’a plein de choses qui nous influencent, et y’a des trucs dans des styles qu’on va aimer genre Fu Manchu, Nebula ou QOTSA. Ce que j’avais kiffé c’est la production, le son de guitare, le côté beuglard un peu moins. Après j’aime des chansons de Duran Duran pour les mélodies, les claviers moins. On prend des éléments de partout, on digère beaucoup de musique pour faire notre son. L’étiquette stoner nous va, mais faudrait rajouter des étiquettes derrière genre doom mélodique j’sais pas quoi (rires). »

Sur Apex III, on retrouve un morceau typique de votre discographie, qui est le morceau titre, il y’a « Mindreader » qui est très très grasse et lourde puis on a « Friendly Fire » qui est très pop, très aérienne. C’est le fruit de vos expériences et de vos écoutes ?

MG : « C’est exactement ça c’est le fruit de nos influences qui vont de la pop 60’s en passant par du jazz moderne ou bien du Black Metal. Donc ouais c’est le résultat de tout ça parce qu’on se ferme pas de porte. On se dit « Voyons voir jusqu’ou on peut aller » et ouais sur « Friendly Fire » t’as clairement des couplets pop mais on aime ça. On essaye de faire attention et de garder notre son par contre. Si on dérive trop on ne garde pas tu vois. »

L’an passé, les Stoned Jesus nous disaient en interview qu’ils aimeraient faire un EP Split avec vous. Du coup est-ce que c’est réciproque ? Et quels autres artistes vous aimeriez avoir sur un EP Split ?

MG : « C’est réciproque parce qu’on a fait une tournée de 3 semaines dans un bus avec les Belzebong et les Stoned Jesus puis on a continué sans Belzebong pendant 15 jours en France donc on a passé un long moment ensemble et ce sont devenus des potes. Faire un Ep Split avec eux ça serait super cool. Après, si j’ai le choix d’un autre artiste, Bruce Springsteen ça serait tellement cool. »

JP : « Ouais faire un Split avec les Stoned Jesus ça serait génial ! Après j’ai un kif, que Belzebong qui est un groupe instrumental, m’appelle et me demande de faire une voix sur un de leurs morceaux. J’adorerais faire ça ! »

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