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Hypno5e au Ferrailleur – Bagarre dépressive

Le 8 Février le groupe montpelliérain venait défendre son dernier album, A Distant Dark Source, à Nantes. Retour sur cet tempête d’émotions.

Mantra

Cette soirée s’ouvre avec un groupe de metal progressif rennais : Mantra. J’y vais en ne connaissant rien du groupe, qui va présenter son troisième album Medium. Fait inhabituel de la scène, le quatuor est accompagné par un acteur habillé de drap blanc et maquillé en une sorte de créature blanchâtre, qui va interagir avec le chanteur, mais aussi le public. Personnellement, cela m’a sorti du spectacle, mais en réalité cela n’enlève rien au spectacle qui a été bien assuré.

Le chanteur est à fond avec la créature et vend très bien ce que la musique représente, à savoir la dualité corps / esprit (ou âme). La musique de Mantra oscille entre Tool et le rock progressif, avec des voix très présentes. On sent le guitariste, le bassiste et le batteur impliqués et concentrés sur leur instrument respectifs, Medium ayant quelques parties assez ardues rythmiquement. Le groupe est carré, mais le son fait un peu défaut, la guitare étant un peu en dessous pour mon oreille. Pour la seconde partie de Medium, « Mind », le chanteur va revenir enduit de peinture phosphorescente, et rester à fond dans son personnage. C’est quasiment une pièce de théâtre que nous propose le groupe, la créature et le chanteur répondant l’un à l’autre tout au long du concert. Le public ne va pas s’y tromper et acclamer de plus en plus vivement la prestation au fur et à mesure qu’elle avance.

Si j’ai eu du mal avec ce concert de Mantra, il ne faut pas nier que le groupe propose un spectacle assez inédit qui vaut le détour si tant est que vous accrochiez à sa musique. Le concept derrière Medium est avancé et le voir déclamer en live est une belle prouesse (ce que je n’ai hélas compris que plus tard).

Hypno5e

A la fin du set de Mantra les rideaux du Ferrailleur se referment, le temps d’installer les instruments du quartet sudiste. La salle se remplit un peu plus que lors de la première partie, et l’attente des spectateurs se ressent. Puis les rideaux se rouvrent sur l’introduction de l’album A Distant Dark Source : « On the Dry Lake ». L’ambiance pesante, appuyée par les citations dépressives coutumières du groupe, s’impose pendant que les musiciens entrent sur la scène. Puis ils nous envoient la première salve de décharge de double pédale en pleine tronche : le son est fort mais propre et carré, les flashs monochromes des stroboscopes se calent sur la rythmique, et Emmanuel nous crie les paroles du morceau. En deux minutes la qualité est assurée. Reste à voir où les musiciens emmèneront ce spectacle.

Les passages contemplatifs permettent à Hypno5e de mériter son appellation « metal cinématique », des films étant projetés sur deux rideaux prévus à cet effet. Là encore les couleurs sont froides, et on peut apercevoir de la neige tomber devant des décors désertiques, à l’image du thème d’A Distant Dark Source (explications en détail ici). L’alternance entre passages de bourre-pif / breakdown avec les sections moins violentes est très efficace : si le public n’est pas en feu, il apprécie néanmoins la prestation, des applaudissements jaillissant à la fin des – longs – morceaux. Les musiciens sont emportés par leur musique triste et bougent beaucoup sur les parties les plus destructrices. A la moitié du set Hypno5e décide calmer le jeu et laisse Emmanuel Jessua chanter « Tio », adapté pour l’occasion pour être joué au piano. Une transition subtile et le groupe enchaîne avec « Tauca, Pt II (Nowhere) ». Le chant clean est parfait pendant que les spectateurs vivent leur meilleure dépression, jusqu’au final du morceau où l’ouragan sonore et émotionnel est superbement rendu par le groupe. Même les cris de fin de la chanson sont plutôt bien rendus malgré leur difficulté.

Après avoir laissé un petit temps de répit au public pour se remettre de cette tempête, Hypno5e enchaîne avec le ‘single’ « A Distant Dark Source ». Dans la continuité du concert, la pièce superpose les mandales à la guitare 7 cordes avec un lightshow épileptique démentiel, les bends de la partie finale d’ « A Distant Dark Source » écrasant le public d’une lourdeur pachydermique. Pour le morceau final, le groupe surprend le Ferrailleur en entamant « Acid Mist Tomorrow » au piano. Le quatre membres alpaguent le public une dernière fois, ce qui a pour effet de lancer un pit aussi soudain que brutal, alors que la foule était restée plutôt calme jusqu’ici. Durant ce morceau final les artistes jettent leurs dernières forces et se donnent encore à fond, l’exemple étant suivi par les spectateurs.

Au final, Hypno5e a délivré une prestation plus que solide de son metal progressif triste et complexe pendant cette soirée. Si vous avez apprécié la version studio, alors la version live vous plaira tout autant. Le son balancé à travers les amplis est puissant, les lumières hypnotiques, et les quatre membres envoient du bois sec par fagots. Pour sûr, leur musique vous emmènera au milieu des paysages de leurs albums.

Hypno5e est en tournée en France en ce moment, ne les ratez pas. Et vu le sourire qu’ils avaient à la fin du concert, ils méritent le plus de monde possible.

Setlist :

  1. « On the Dry Lake »
  2. « East Shore: in Our Deaf Lands »
  3. « On Our Bed of Soil, Pt. 1 »
  4. « On Our Bed of Soil, Pt. 2 »
  5. « On Our Bed of Soil, Pt. 3 »
  6. « Tio »
  7. « Tauca, Pt. II (Nowhere) »
  8. « A Distant Dark Source, Pt. 1 »
  9. « A Distant Dark Source, Pt. 2 »
  10. « A Distant Dark Source, Pt. 3 »
  11. « Acid Mist Tomorrow »

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