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Gojira – 08/07/17 @ Festival Terres du Son : Du Death Metal pour les Hipsters

Cedric est plus connu sous le nom de PlayToDie. Il possède une chaîne Youtube ou se mêlent covers à la basse et version 8-bit de chansons voire même d’albums en entier. C’est un grand fan de Gojira et il a décidé de nous offrir son report du show des Bayonnais au festival Terres du Son. Pour voir son travail sur Youtube, c’est ICI.

Ici PlayToDie en direct de sa Twingo, en train de mourir suite au concert que je viens de vivre. Ce concert, c’est Gojira, que je voyais pour la 5ème fois. Mais avant de parler du concert, parlons d’abord du lieu où s’est déroulé ce concert : Le festival Terres Du Son, situé sur le domaine de Candé sur la commune de Monts dans l’Indre Et Loir. On est à 15 minutes au sud de Tours.

L’affiche de la programmation 2017 du festival. On notera Morcheeba et PopaChubby

Commençons avec le Domaine de Candé : un château du XVIème siècle magnifique, situé dans un beau bois à quelques encablures de l’Indre, avec une plaine au milieu de ces bois, où se trouvent 4 scènes de concert (on y reviendra plus tard). Un très beau site en somme, qui se retrouve embelli chaque début de mois de juillet avec le festival Terres Du Son.

Il est pas magnifique ce cadre ?

Et parlons-en de ce festival : Terres du Son est un événement musical de taille moyenne (pas loin de 50000 personnes les dernières années) qui se déroule le 2nd week-end de Juillet chaque année, avec une programmation assez éclectique mais centrée sur la variété française, le rock et les musiques urbaines et sur des artistes jeunes en majorité. On peut retrouver tout ce beau monde à travers 4 scènes : la Propul’son, pour les groupes locaux, la Ginkgo et la Biloba (les « mainstages » 1 et 2) et la Chapit’O.

Mais Terres Du Son c’est plus que juste de la musique : le festival est en effet séparé en 2 parties : la plaine, où se trouvent les scènes, et l’éco-village, dont l’accès est gratuit et sans ticket nécessaire. Il propose de nombreuses activités, principalement centrées sur l’écologie (Sea Sheperd était présent cette année par exemple) avec plusieurs ateliers pour y sensibiliser les personnes visitant le site. On y trouve aussi des points de restauration, du body-painting, etc… L’ambiance y est franchement prenante et piquer une sieste ou simplement s’allonger est tentant tant le cadre est magnifique, sous les arbres du domaine, avec un point de vue imbattable sur la vallée de l’Indre. On pourrait facilement penser que c’est un lieu pour hipsters / hippies / bobos gauchiasses, mais c’est clairement plus. Le festival peut se vivre en famille, tout seul ou à plusieurs sans problème, il y a de quoi se faire plaisir dans chaque cas et de quoi accueillir tout type de personne. Et cela se confirme par la population présente, plutôt jeune mais tout de même très diverse. Si jamais la programmation ne vous intéresse pas, passez au moins à l’Eco-village qui vaut vraiment le détour.

Maintenant, le contexte : je suis allé à ce festival sur un coup de tête pour voir Gojira, les places étant vraiment accessibles (33€ la journée) sans rien savoir sur là où j’allais. Si vous avez compris le paragraphe précédent, le fait que j’ai été très agréablement surpris ne vous étonnera pas. Etant arrivé en avance, j’ai pu profiter du village et découvrir les groupes passant avant les landais. Il faut dire que je ne m’étais absolument pas penché sur la programmation, étant donné que le festival ne correspondait pas forcément à mes goûts musicaux. En attendant, j’ai eu le plaisir de voir Faada Freddy, un artiste sénégalais a capella, accompagné par cinq musiciens eux aussi a capella, qui m’ont prouvé que l’on n’avait pas besoin d’instruments ou de backtracks pour ambiancer et faire sauter tout un public. En reprenant deux chansons connues (« Pump It » et « No Woman No Cry »), il a fini de mettre les festivaliers dans sa poche.

Venons-en au sujet de ce live report. Suite au concert de Faada Freddy, je suis allé me placer au 1er rang sans problème étant donné que Gojira ne commençait qu’1h45 plus tard. Le temps d’apprécier les roadies installant la scénographie du quatuor et le test des différents équipements. Et malheureusement aussi le temps d' »apprécier » un facteur commun à tous festival : les beaufs bourrés. On a eu le droit pendant 45 minutes à des chants au choix: sexistes, pédophiles ou zoophiles (parfois même avec des combinaisons !). Ayant perdu leur voix après tant d’éructations, nous avons pu attendre tranquillement l’arrivée de Gojira.
Et il faut maintenant parler d’un point important : le groupe le plus « heavy » ayant foulé une scène de Terres de Son avant Gojira, c’était Louis Bertignac. Autant dire que le quatuor se situe à quelques années lumières de la programmation habituelle du festival. Pourquoi donc les inviter ? Pour leurs paroles qui trouvent très facilement écho avec les thèmes du festival. Maintenant, le public était-il prêt ? Car si de nombreux fans du groupe étaient présents (le nombre de t-shirt à l’effigie du groupe vus au long de la journée était assez important), les autres festivaliers n’étaient peut-être pas dans les conditions pour faire face aux déferlantes sonores du groupe. On allait vite le savoir.

Quand enfin fut venue l’heure d’éteindre les lumières, la foule a réagi en force, scandant le nom du groupe d’impatience. Le public était donc présent. Mario arriva le premier pour introduire le groupe avec le solo de batterie d' »Only Pain », volontairement rallongé pour un build-up dès le départ. Nous étions partis pour 1h15 de patates et de brisage de nuque quand Joe, Christian et Jean Michel se joignaient à Mario, aux coups des groove à la double pédale du morceau d’ouverture. Pas le temps de niaiser, à peine 20 secondes étaient suffisantes pour se retrouver poussé contre les barrières de sécurité, tassé par des pogoteurs rongés par l’attente, n’ayant pu se défouler auparavant sur les autres groupes. Le temps de chauffer la foule, le groupe lançait ensuite « The Heaviest Matter Of The Universe » puis « Silvera », appuyé par un light show au poil tout le long du set. Le groupe imposait une courte pause au pit pour se présenter avant d’envoyer « Stranded » à la face du public, Joe gérant particulièrement bien sa voix sur les passages clean. A la fin du morceau le public était chauffé à blanc, moment parfait pour lancer l’intro de « Flying Whales » histoire de récupérer un peu. Deux minutes de répit avant le riff qui a déclenché, comme d’habitude, un wall of death. A la fin de ces éprouvantes cinq minutes, l’orage se fit entendre. Mais il était préenregistré et annonçait « The Cell » et son intro polyrythmique renforcée par des lumières épileptiques. Le temps de débrancher son cerveau pendant le morceau et l’on sortait lessivé de l’expérience. Et on n’était qu’à la moitié du set..

Chose intéressante, Gojira avait un set plus court que d’habitude, ce qui a donné lieu à des scènes cocasses : à partir de la fin de « The Cell », on a pu voir les roadies changer les setlists du groupe à la va-vite, celle de départ étant trop longue. Profitant de chaque interlude possible, ils ont fait 4 ou 5 allers-retours jusqu’à ce qu’ils aient trouvé une setlist convenable.

On revenait par la suite à des vieux morceaux : « Backbone », interrompue par un Joe réveillant la foule, l’outro de « Remembrance », carré comme de très rares groupes sont capable de la faire, surtout en live, puis « Terra Incognita », véritable souffle d’air frais suite aux claques reçues, avec ses leads aériennes. On notera tout de même les génies ayant eu l’idée de pogoter dessus. S’enchaînent ensuite « L’Enfant Sauvage » où Joe sublimait sa voix avant l’immense final où le groupe nous a inondé de fumigène, The Shooting Star, parfaitement exécutée, et « Toxic Garbage Island ». Puis les frères Duplantier firent leur show en échangeant leur place pour jouer un morceau sobrement intitulé « Jam ». Mario prouvant alors avoir un growl que certains groupes pourraient jalouser tandis que Joe assurait de son côté la partition à la batterie, la génétique jouant surement un rôle là-dedans. Une belle occasion de communier avec le public qui démontrait une fois de plus être très réceptif au deathmetal des sudistes. Christian arrive et nous attaque « Oroborus » avant que les autres membres lui rappellent qu’il n’y avait malheureusement pas le temps de la jouer. On enchaînait donc avec une rareté : une cover, de Sepultura qui plus est, Gojira n’ayant jamais caché son affection pour le groupe et l’influence qu’avait eu Chaos AD. Efficace au possible, « Territory » envoyait les buchettes, faisait chanter le public.Les landais finirent sur un classique : « Vacuity », brise-nuque souvent utilisé pour finir les sets.

La setlist du soir, gracieusement offerte par un roadie à la fin du concert.

 

Au final, le quatuor a délivré un set sans concession, n’ayant jamais essayé de s’adapter au festival, restant brut de décoffrage pour délivrer toute la puissance qu’est Gojira en live. Joe n’a jamais cessé d’haranguer le public, avec qui il a joué avec une aisance de frontman expérimenté, Mario a délivré comme à son habitude son jeu batterie surpuissant mais tout en finesse et Jean Michel n’a jamais arrêté de bouger, tout comme Christian. Cette énergie scénique qui a fait la réputation live du groupe n’a jamais fait défaut, pour le grand plaisir du public. Et bonne surprise, le public fut extrêmement réceptif : j’ai été serré contre les barrière toute la durée du set, les pogos furent nombreux, et la foule répondait du tac au tac aux encouragements du groupe. Les lumières étaient au poil, tout comme le son, même si la voix de Joe était un peu en-dessous du mix pour les premiers rangs.Il y a tout de même eu un léger bémol : la sécurité du festival ne connaissait pas les lives de Gojira et essayait de repousser les slammeurs dans la foule, les forçant à stagner aux avant-postes, gênant les personnes aux premiers rangs. Il faut néanmoins les saluer, car les slammeurs furent globalement bien gérés, les plus hardus étant récupérés et envoyés vers la sortie.
Gojira fut un bon coup de la programmation. Il a peut-être ouvert son festival à une nouvelle population (les métalleux) venue d’abord pour les Bayonnais ayant peut-être été en suite séduit par l’esprit et l’ambiance des Terres Du Son. Et, je l’espère, certains des habitués du festival ont peut-être découvert un nouveau groupe à écouter.

De mon côté, j’ai pleinement apprécié ce live, même si mon coeur de fan aurait rêvé avoir des raretés plus calmes comme « World To Come » ou « Where Dragons Dwell ». La setlist a tout de même été plus que correcte, taillée pour les festivals. Au niveau des sensations, tout y était : lumières, son, ambiance du public, énergie des musiciens. Je remercie les personnes à mes côtés au premier rang, avec qui j’ai pu discuter et échanger avant, pendant et après le concert, ce qui a ajouté au plaisir ressenti au long du live. En conclusion : meilleur trip sur un coup de tête de ma vie, et allez voir Gojira en live, c’est fou.

Un PlayToDie sauvage se cache sur la photo. Sauras-tu le retrouver ?

 

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